Lille est une ville chargée d’histoire. Passée aux mains de divers pays au fil des siècles, la ville a gardé des traces du passé, et ses monuments témoignent du temps jadis.
Les fortifications, la Vieille Bourse, la colonne de la Déesse, le Palais Rameau… Nombreux sont les monuments remarquables à Lille. Nous vous en disons plus sur leur histoire. Suivez la guide !
Les monuments de Lille : ville fortifiée
Lille fait partie des villes fortifiées par l’architecte Vauban pour faire face aux tentatives d’invasion des Pays-Bas espagnols. Si la plupart des fortifications ont disparu, il en existe encore quelques vestiges bien connus des Lillois.
La Porte de Paris, pile ou face
Après la reconquête de la ville par Louis XIV, ce dernier commande un arc de triomphe à Simon Vollant, en lieu et place de la porte des Malades. Ainsi, les personnes qui arrivaient à Lille par le Sud, passeraient sour l’arc de triomphe de la Porte de Paris. Elle est érigée en 1694.
La partie « intérieure » de la Porte a été construite plus tard.
En effet, à l’origine, le bâtiment donnait directement sur un corps de garde. Ce dernier fut détruit en 1860. La Porte de Paris ressemblait alors à un arc de triomphe coupé dans la largeur, comme un décor de carton pâte. La restauration de l’édifice a été confiée à Louis-Marie Cordonnier, qui a bâti l’autre côté en 1895, 200 ans après la première partie.
Aujourd’hui, la Porte de Paris se trouve au centre d’un rond point au bout de la rue Pierre Mauroy. Elle est le point de départ des manifestations et sert de support aux artistes vidéastes à l’occasion du Video Mapping Festival.
Place Simon Vollant
Le Fort du Réduit : contre l’ennemi extérieur… ou intérieur
Non loin de la Porte de Paris, dans la rue du réduit, vous pouvez trouver le Fort Saint-Sauveur ou Fort du Réduit.
Pensé par Vauban comme une mini citadelle, le Fort du Réduit était bastionné côté ville et côté campagne, de sorte qu’on pouvait parer les attaques extérieures, mais aussi se défendre contre la ville en cas de sédition des habitants du quartier Saint-Sauveur.
Le fort existait du temps de l’occupation espagnole. Vauban l’a fait transformer en 1674. Il abritait et abrite toujours les services du génie. La construction de la chapelle qui se trouve au centre du monument a été terminée en 1707.
Square du Réduit
La Porte de Roubaix et la Porte de Gand : dernières ouvertures des remparts
Comme toute ville fortifiée qui se respecte, Lille avait de nombreuses portes dans ses remparts. Ceux-ci ont disparu, la plupart de portes aussi, mais deux sont tout de même encore debout : la Porte de Gand au Nord et la Porte de Roubaix au Nord Est.
Elles ont toutes deux construites entre 1617 et 1621 à l’occasion de l’extension de l’enceinte de la ville.
Aujourd’hui, à l’intérieur de la porte de Gand, vous pouvez manger grec et danser jusqu’au bout de la night (enfin, jusqu’à la fermeture à 2h le week-end) chez Yaya.
La Porte de Roubaix couvre un des accès au parc Matisse, qui donne sur le quartier des gares et d’Euralille.
Porte de Gand : au bout de la rue de Gand
Porte de Roubaix : place Saint-Hubert
Non, nous ne l’avons pas oubliée… La Citadelle de Lille !
Au Nord Ouest de Lille vous trouverez le parc de la Citadelle.
Elle date du XVIIème siècle et était surnommé par Vauban, son architecte, Reine des Citadelles.
L’architecture est révolutionnaire pour l’époque et très bien pensée pour résister aux attaques, notamment celles des boulets de canons en métal.
Sa construction a nécessité le travail de 5 000 hommes, 60 millions de briques et 3,3 millions de parpaings.
Elle est aujourd’hui encore occupée par l’armée. Le parc qui l’entoure est celui que les Lillois préfèrent pour leur footing, leurs promenades et les nombreuses activités qu’il est possible d’y pratiquer (nous vous présentions ce parc dans cet article)
Diverses entrées depuis Lille et Lambersart
Les monuments de Lille antérieurs au XIXème siècle
Des monuments datant du XVème siècle et après sont encore visibles dans plusieurs endroits de la ville.
L’Hospice Comtesse : l’héritage de Jeanne de Flandre
L’Hospice Comtesse était à l’origine un hôpital, fondé à l’initiative de Jeanne de Constantinople, Comtesse de Flandre (plus connue chez nous sous le nom de Jeanne de Flandre). Il était implanté dans son propre palais. Malheureusement, un incendie a eu raison du bâtiment et l’a entièrement détruit en 1468.
Il a été reconstruit petit à petit, puis à nouveau partiellement détruit par les flammes en 1649. C’est à la suite de cet incendie qu’il acquiert sa forme actuelle, avec une façade consacrée à des commerces d’artisans.
Il reste hôpital jusqu’en 1939. Il deviendra musée en 1943, quand il sera cédé à la municipalité. Nous avons évoqué ce musée dans un précédent article.
32 rue de la Monnaie – Vieux Lille
L’Hospice Gantois : l’hospice devenu hôtel de luxe
Fondé en 1462 par Jean de Le Cambe, dit le Gantois, cet hospice était implanté dans un quartier pauvre et était destiné à accueillir des vieillards sans le sou.
Devenu hôpital à partir du XVIIIème siècle, l’Hospice Gantois a recueilli les soldats blessés après la bataille de la poche de Lille en mai 1940.
Après la guerre, il accueille les malades, puis des personnes âgées. Ce n’est qu’en 2000 que le bâtiment est cédé à un hôtelier et qu’il devient un hôtel de luxe : l’Hermitage Gantois. Il abrite également un restaurant gastronomique et l’Estaminet Gantois, à la carte légèrement plus accessible, mais résolument plus régionale.
224 rue Pierre Mauroy
Le Palais Rihour : patchwork architectural
Il a fallu vingt ans pour construire la première version du Palais Rihour. C’était au XVème siècle, Philippe Le Bon, Duc de Bourgogne, en est à l’origine, mais il ne verra pas le palais entier, puisqu’il meurt avant la fin des travaux (qui dureront 20 ans).
Il faudrait un article complet pour raconter toutes les catastrophes du palais Rihour. Des effondrements, des incendies, des constructions, destructions, reconstructions… Il en a vu des vertes et des pas mûres ce pauvre bâtiment. Il ne reste aujourd’hui pas grand chose de ce palais devenu hôtel de ville pendant un temps : des arcades en brique, la chapelle et un escalier du XVème siècle.
Un immense monument aux morts a été érigé tout contre, cachant quelque peu le bâtiment.
Le Palais Rihour abrite aujourd’hui l’office de tourisme, nous vous en parlions dans l’article que nous lui avons consacré.
Place Rihour
La Vieille Bourse : le bâtiment aux 24 échoppes
Lille était sous domination espagnole quand son Magistrat (le maire de l’époque) a eu l’idée de construire une bourse pour les marchands. C’est Julien Destrée, architecte lillois, qui s’est chargé de la construction de l’édifice : une cour rectangulaire privée, comportant quatre entrées et entourée de 24 maisons identiques, une par commerçant.
Elle est restée en activité jusqu’à l’ouverture de la nouvelle bourse (la Chambre de Commerce et d’Industrie), en 1920.
Aujourd’hui, les échoppes sont toujours détenues par des commerces (Le Chat Bleu, la Maison du Donut, Bibi’s Café, etc.). La cour est en accès libre, des bouquinistes sont installés sous les arcades intérieures et vous pourrez à l’occasion assister à des démonstrations de tango.
Grand Place – Place du Théâtre
Les monuments lillois des XIXème et XXème siècles
Poursuivons notre chemin dans les dédales de l’histoire !
Le Pont Napoléon : un pont, trois versions
Construit en 1812 selon les plans de l’architecte Benjamin Joseph Dewarlez, le Pont Napoléon relie la façade de l’esplanade au Champ de Mars en passant au dessus de la Deûle.
Il comportait les inscriptions des victoires napoléoniennes.
À la fin de la Première Guerre Mondiale, il est détruit par les Allemands en fuite, qui avaient pris soin d’effacer les inscriptions au burin.
Un autre pont est construit en 1920, à nouveau détruit en 1944, par les Allemands, toujours.
Il faudra ensuite attendre 70 ans pour voir à nouveau un pont à cet emplacement. Il ressemble trait pour trait à sa première version.
Façade de l’Esplanade
La colonne de la Déesse
Elle est l’un des emblèmes de la ville. Perchée sur sa colonne, au centre de la Grand’Place, la Déesse semble veiller sur nous du haut de ses 15 mètres. Elle tient à la main un boutefeu, prête à allumer la mèche d’un canon. De l’autre, elle nous désigne l’inscription gravée sur la colonne, réponse du maire de la ville de l’époque, qui refusa la reddition du peuple Lillois :
« Nous venons de renouveler notre serment d’être fidèle à la Nation, de maintenir la Liberté et l’Égalité ou de mourir à notre poste. Nous ne sommes pas des parjures. »
Créée en 1845 en commémoration de l’héroïsme des Lillois pendant le siège autrichien de 1792, la colonne de la Déesse est un symbole fort de la ville.
Grand Place
Cathédrale Notre Dame de la Treille, une saga sur plus d’un siècle
L’histoire de la construction de la cathédrale de Lille, c’est un peu comme une série à multiples rebondissements qui se déroulerait sur un siècle et demi.
Le projet a vu le jour en 1854, mais a connu de gros soucis financier, les architectes se sont succédés au fil des années. La construction du bâtiment s’achève à la fin des années 1940, avec une façade provisoire en brique.
Dans les années 1980, des architectes proposent des idées en remplacement de cette façade. L’un d’eux propose même la construction d’un immeuble de bureaux de 10 étages, projet à deux doigts d’être accepté par le diocèse par manque de moyen… L’idée à cependant été abandonné devant la levée de boucliers qu’elle a engendré !
L’architecte qui avait eu cette idée saugrenue, Pierre-Louis Carlier, a été chargé de trouver une autre solution. Il s’est associé à un artiste, Ladislas Kijno, et à un ingénieur, Peter Rice.
La façade et le portail de Georges Jeanclos sont inaugurés en 1999.
Place Gilleson
Le Palais Rameau, en souvenir d’un passionné d’horticulture
Charles Rameau était à la fois fondateur de la Société d’Horticulture, agronome et conseiller municipal de Lille. Sans héritier, il a légué son patrimoine à la ville à condition qu’on construise un bâtiment à son nom qui soit consacré aux expositions horticoles, ou artistiques et aux fêtes musicales. Les architectes Auguste Mourcou et Henri Contamine dessinent alors les plans de ce qui deviendra le Palais Rameau.
Il est actuellement en pleine réhabilitation et deviendra un lieu dédié à l’agriculture de demain, un partenariat entre la ville de Lille et l’école d’ingénieurs JUNIA. Réouverture prévue en septembre 2024.
39 boulevard Vauban
Les Bains Lillois, sans les bains
Nous ne parlerons que de la façade, puisque c’est tout ce qu’il en reste !
Cet ancien établissement de bains construit à la fin du XIXème siècle avait été conçu par l’architecte Albert Baert, qui dessinera également les plans de la Piscine de Roubaix devenue musée aujourd’hui.
Les Bains Lillois ont fermé leurs portes en 1991 à cause de la vétusté des équipements. Hormis la façade, tout le bâtiment a été détruit en 1998 pour céder la place à des logements et des bureaux.
La devanture a été restaurée et est classée Monument Historique.
219 ter boulevard de la Liberté
Le Palais des Beaux-Arts, pour quelques billets de loterie…
Pour construire le Palais des Beaux Arts dont la ville avait besoin, cinq millions de billets de loterie ont été mis en vente en 1883. Le gros lot : 200 000 francs. La ville de Lille n’a finalement récolté que 2,8 millions. La construction de l’édifice a connu quelques soucis, notamment des problèmes de budget et la démission d’un de ses architectes.
S’ensuivent des problèmes de conservation, de nouveaux travaux et des pillages par l’armée allemande pendant la Première Guerre Mondiale.
La cour arrière est couverte en 1935, devenant l’atrium qu’on connaît aujourd’hui.
Le musée est entièrement rénové à partir de 1991 sous la direction des architectes Jean-Marc Ibos et Myrto Vitart. Les travaux durent six ans et le musée rouvre en 1997 avec un nouveau bâtiment tout en verre, à l’arrière, dans lequel se reflète le bâtiment originel.
Le musée abrite la deuxième plus grande collection de France après le musée du Louvre.
Place de la République
La Maison Coilliot, villa et art nouveau
Louis Coilliot, entrepreneur en céramique, souhaitait se lancer dans la lave émaillée. Il a alors demandé à Hector Guimard, architecte de l’époque et représentant de l’art nouveau, de lui concevoir le siège de son entreprise. Il souhaitait qu’elle soit comme une affiche publicitaire pour ce procédé particulier.
Cela donne une façade tout à fait extraordinaire dans une rue absolument ordinaire.
On ne peut malheureusement pas visiter la villa, mais vous trouverez une vidéo qui montre l’intérieur sur le site de l’INA.
L’architecte, Hector Guimard, est également le créateur des entrée du métro parisien du même style.
14 rue de Fleurus
La Chambre de Commerce et d’Industrie
Surnommé Nouvelle Bourse, par opposition à la Vieille Bourse mentionnée plus haut, la Chambre de Commerce de Lille a été conçue par l’architecte Louis Marie Cordonnier au début du XXème siècle.
Située en plein centre ville, le bâtiment de style néo-flamand et son beffroi haut de 76 mètres sont un autre emblème de la capitale des Flandres. Son carillon joue tour à tour l’Hymne à la Joie et le P’tit Quinquin.
Il est devenu le siège de la Kommandantur régionale pendant la seconde Guerre Mondiale
Le bâtiment a failli devenir un hôtel de luxe. Heureusement, le projet a été abandonné. Il abrite toujours les services de la Chambre de Commerce et d’Industrie, ainsi que des commerces, restaurants et même un coworking (on l’avait mentionné dans notre article sur le sujet) !
Place du Théâtre
Visitez Lille à la découverte de ses monuments
Vous connaissez maintenant les principaux monuments de la ville, à vous de vous constituer votre itinéraire pour les découvrir !
Si vous n’avez pas l’âme d’un tour operator, n’hésitez pas à vous rendre à l’Office de Tourisme . Ils proposent des parcours et des visites insolites et/ou gourmandes !
On est bien à Lille !

Lilloise depuis près de 20 ans et Nordiste depuis toujours,
J’écris sur Lille car j’aime ma ville et sa culture festive, gourmande, joyeuse.
Rédactrice SEO (web et print), freelance, je m’intéresse à plein de choses en général et à tout en particulier…
Culture, tricot et couture, pratique du théâtre, du yoga et du vélo, mais aussi cuisine, pâtisserie, environnement, jardinage, artisanat, décoration, cinéma, actualité…
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